jeudi 17 janvier 2019

Mémoires d'une jeune fille rangée - Simone de Beauvoir

Mémoires d'une jeune fille rangée, première de couverture C'est la merde. Dans ma vie. Je suis retombée par hasard sur ce bouquin en cherchant des trèfles à 4 feuilles et je me suis dit que j'allais l'ouvrir.
Un début un peu punitif : un joli phrasé, mais il me faut plus qu'une forme impeccable pour kiffer, et je trouvais le fond ennuyeusement longuet. Ce n'est que passé les 100 premières pages que ça va mieux. Et là, vraiment ça vaut le coup. Simone raconte le début de sa vie dans le milieu bourgeois des années 1920, ses pensées, ses interrogations, ses découvertes, ses états d'âmes. Une majeure partie de ses écrits est intemporel et je me suis beaucoup retrouvée dans cette jeune fille, sa passion pour les livres d'abord, son questionnement permanent, l'intellectualisation de toutes choses, même au détriment de ces choses, son rapport aux autres, et surtout ses sentiments. Je crois que ce bouquin m'a donné à lire les plus belles phrases que j'ai lues dans ma vie (je suis en mode fleur bleue). C'est comme si elle arrivait à mettre des mots justes et précis sur beaucoup de choses qui me sont arrivées et donc à m'aider à les comprendre, les organiser. C'est vraiment un livre salvateur. Et en bonus, c'est une féministe invétérée. La bonne nouvelle: il y a deux autres tomes à suivre. J'ajoute ça direct à ma pile de lecture. Citations (je n'arrive pas à select..) :
Je me disais que, tant qu’il y aurait des livres, le bonheur m’était garanti. Je me crus autorisée moi aussi à considérer mon goût pour les livres, mes succès scolaires, comme le gage d’une valeur que confirmerait mon avenir. Je devins à mes propres yeux un personnage de roman. Toute intrigue romanesque exigeant des obstacles et des échecs, je m’en inventai. J’avais réussi à me délivrer intérieurement des clichés dont les adultes accablent l’enfance : j’osais mes émotions, mes rêves, mes désirs, et même certains mots. Mais je n’imaginais pas qu’on pût communiquer sincèrement avec autrui. Dans les livres, les gens se font des déclarations d’amour, de haine, ils mettent leur cœur en phrases ; dans la vie, jamais on ne prononce de paroles qui pèsent.
Seule: pour la première fois je comprenais le sens terrible de ce mot. Seule, sans témoin, sans interlocuteur, sans recours. Mon souffle dans ma poitrine, mon sang dans mes veines et ce remue-ménage dans ma tête, cela n'existait pour personne.
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