samedi 25 février 2017

Le meilleur des mondes - Aldous Huxley

Aldous Huxley Le meilleur des mondes, première de couverture Ce roman de SF s’enchaîne plutôt bien avec 1984 car il en a malheureusement les mêmes défauts : une SF qui a pris un peu la poussière. On sent l’écart qui s’est creusé entre les siècles (oui là je ne parle même plus de générations), pas tant au niveau du fond qui colle encore avec notre monde (cf. citations) mais plutôt la forme et le vocabulaire qu’il utilise (« nègre » -nan mais ?-, « Notre Ford » -so 1930-), ça a un peu décrédibilisé le bouquin, on peut pas faire de la SF historique, c’est le grand écart !). Venons-en au fait, c’est une utopie qui fait peur : les humains sont « mis au monde » en laboratoire, ils sont séparés en castes. Les castes les plus élevées sont compliquées à créer et produiront des humains ayant de meilleures aptitudes. Tous sont soumis pendant leur enfance à un enseignement hypnopédique dans leur sommeil qui les rendra dociles et satisfaits de leur place dans la société : effrayant! Un peu dur à lire au début car il y a plusieurs narrations en parallèle et elles s’entrecroisent… à un rythme assez violent, mais ça passe au fur et à mesure de la lecture. Je me demande si Werber n’a pas emprunté ce style à Huxley ?
Pour finir sur une note plus positive, j’ai adoré les passages où l’on était dans la tête de Lénina et qu’elle était toute fofolle ainsi que de nombreuses réflexions sur le bonheur, l’obéissance, les interactions et le regard des autres, la stabilité vs les pulsions... que je trouve tout à fait actuelles. Sur la fin, Huxley utilise John pour lui faire porter l’antithèse de cette utopie et conclure le débat sur de beaux arguments.
Citations : "Les mots peuvent ressembler aux rayons X : si l'on s'en sert convenablement, ils transpercent n'importe quoi.", "L'une des fonctions principales d'un ami consiste à subir (sous une forme plus douce, et symbolique) les châtiments que nous désirerions, sans le pouvoir, infliger à nos ennemis." et Lénina "Presse-moi, blesse-moi, caresse-moi sans cesse ; embrasse-moi jusqu'au coma ; presse-moi sans faiblesse"